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Les 80 ans de la liquidation du camp de Voves
<< Retour liste des actualitésSouvenons-nous !
Ce dimanche 26 mai 2024, le Comité du Souvenir du Camp de Voves et l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt ont organisé la traditionnelle Cérémonie du souvenir de la mémoire des anciens internés, déportés et fusillés du camp de Voves. Cette année, nous célébrons le 80e anniversaire de la liquidation du camp.
À 9h30, un cortège est parti de la mairie des Villages-Vovéens en direction du camp, où plus de 2000 détenus résistants ont séjourné. Et à 10h15, des élèves des écoles Gaston Couté et Jean Moulin de Voves ont offert une évocation théâtrale de cette douloureuse période de l’Histoire.
Pour vous, nous restituons ci-dessous le discours prononcé par Sylvie Rogé au nom de l’Amicale.
» Monsieur le Maire, Madame la Secrétaire générale de la préfecture, Mesdames et Messieurs les élus,
Chers élèves et enseignants du collège Gaston Couté et de l’école primaire Jean Moulin,
Cher Etienne et membres du Comité du souvenir,
Mesdames, messieurs,
Je voudrais tout d’abord excuser Mme Carine Picard-Nilès, présidente de notre amicale, qui regrette de ne pouvoir participer à cette cérémonie du 80e anniversaire de la liquidation du camp, étant retenue par les préparatifs d’une cérémonie qui a lieu aujourd’hui à Drancy pour rendre hommage à Mme Odette Nilès, sa grand-mère, ancienne résistante internée à Châteaubriant et présidente d’honneur de notre amicale.
Au nom de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt, je veux remercier toutes celles et tous ceux qui œuvrent à la transmission de la mémoire de cet ancien camp d’internement. Depuis des années, ils et elles le font avec la volonté de faire connaître le courage et les valeurs des résistants internés ici. Le dernier ouvrage d’Etienne Egret et Dominique Philippe nous permet de voir la richesse de leurs compétences politique et technique qui leur a permis de réaliser cette formidable évasion il y a 80 ans. Dans leur précédent ouvrage, les auteurs avaient montré la volonté des résistants de partager leurs savoirs. Des évasions qui avaient pour seul but de rejoindre la résistance pour poursuivre le combat, à la volonté de se cultiver pour être prêt pour la suite, leur objectif aux heures les plus sombres étaient bien de vaincre pour retrouver la liberté. Pour tous ces travaux qui nous permettent de mieux appréhender l’histoire, pour le travail réalisé avec les jeunes, pour le musée, qui a vocation à s’agrandir, un grand merci aux amis du Comité de Voves et à la municipalité qui lui apporte son aide.
La transmission de la mémoire de cette époque, c’est aussi celle de la mémoire de l’occupant, de la collaboration pétainiste et de l’horreur du nazisme. Elle est ici aussi particulièrement présente avec ce wagon de la déportation qui nous rappelle les crimes auxquels ont conduit ces idéologies fondées sur l’inégalité des êtres humains quand elles ont pu être mise en œuvre par des régimes dictatoriaux et antidémocratiques. Crimes politiques avec la persécution des opposants politiques. On pense ici particulièrement aux résistants communistes qui constituaient la majorité des internés du camp et, avec Jean Moulin préfet de ce département, on pense à toute la résistance française qu’il sut rassembler en 1943. On pense aussi à tous ces crimes perpétrés au terme de la déportation quand l’objectif de ces régimes était d’exterminer des populations entières : les Juifs, les Tsiganes, les homosexuels. N’oublions pas que c’est cela qui a conduit la communauté internationale à créer, après-guerre, la notion de crimes contre l’Humanité.
Malheureusement, ces idéologies n’ont pas disparu avec la libération et la victoire contre le nazisme. Nous le voyons avec inquiétude aujourd’hui avec la montée des discours de haine, bien trop souvent relayés ou alimentés par les médias.
Les résistantes et résistants ont été réunis par Jean Moulin au sein du Conseil National de la Résistance dans une grande diversité associant réseaux de résistance, organisations politiques et confédérations syndicales. Ensemble, ils nous ont enseigné que pour répondre à l’engagement du « plus jamais ça », pour rendre inopérants les discours de division qui gangrènent la société, il fallait une ambition exceptionnelle pour la société, une société qui pourrait devenir celle des jours heureux, du nom de leur programme adopté à l’unanimité. C’est ainsi qu’il considérait qu’il faudrait créer la sécurité sociale et la retraite, donner des droits aux travailleurs dans la conduite de la gestion des entreprises et libérer la société et la presse de l’emprise de la finance.
Aujourd’hui, la situation nationale et internationale est très inquiétante. C’est pourquoi notre amicale, fidèle au message « Soyez dignes de nous !» des 27 fusillés de Châteaubriant, lance un appel dont je souhaite vous faire partager les conclusions.
Gardons à l’esprit que la guerre est rarement inévitable, mais généralement un constat d’échec et, pour les peuples concernés, une source de malheur, d’appauvrissement et de privations.
En connaissance de cause, il est de notre devoir d’alerter sur les conséquences de ce que nous estimons être une dérive belliqueuse globale. Il est de notre devoir de relayer avec force et conviction la volonté de nos ancêtres – nos parents, nos grands-parents résistants – d’œuvrer pour un avenir sans guerre.
Nous condamnons ardemment ces hommes et ces femmes qui, jour après jour dans les médias comme dans les rues, promeuvent et véhiculent les idées haineuses et réactionnaires du Rassemblement National et des autres formations d’extrême droite dans le but de diviser les populations.
La République doit faire respecter ses valeurs fondatrices et fondamentales de liberté, d’égalité, de fraternité et faire appliquer équitablement les lois et la justice pour tous. Et à l’heure où la guerre est revenue en Europe et où le Proche-Orient connaît l’une de ses plus graves périodes de chaos, nous réclamons avec force le respect du droit international pour tous les peuples, sans exception.
Œuvrons ensemble pour la Paix mondiale et le respect des droits de l’Homme.
Je vous remercie, et merci encore à tous pour votre présence et votre travail ici. »