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Cérémonie de Saint-Martin-de-Ré, en décembre 2021

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publié le : 22/12/2021

L’anniversaire d’une libération

Le dimanche 12 décembre dernier à 10 h, la Mairie de Saint-Martin-de-Ré et notre Amicale ont organisé une  cérémonie hommage aux derniers détenus politiques de France, libérés le 13 décembre 1944 de la citadelle. Nous vous proposons ici quelques photos ainsi que l’allocution de Denise Jourdan, fille de Maurice Jourdan, l’un des détenus délivrés.

Plaque commémorative.
Plaque commémorative. Crédit photo : (c) Guy Hervy

L’allocution

Le discours de Denise Jourdan.
Le discours de Denise Jourdan. (c) Photo Guy Hervy

« Monsieur le Maire de Saint-Martin-de-Ré,

Mesdames et Messieurs les élu(e)s,

Madame la Directrice du centre pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré,

Mesdames et Messieurs les représentants des Associations d’Anciens Combattants et associations de Résistance et de Mémoire,

Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames et Messieurs, cher(e)s ami(e)s, cher(e(s) camarades,

 

Nous sommes réunis en ce lieu pour célébrer, 77 ans après, la libération des 500 détenus politiques retenus pour certains depuis 4 ans dans les geôles françaises puis mis à disposition de l’occupant et internés dans la citadelle de Saint-Martin-de-Ré ainsi que plusieurs camps annexes.

Les circonstances particulières de la fin de 2020 nous ont empêchés d’être présents. Nous remercions de nouveau la municipalité d’avoir inscrit cette célébration à son calendrier mémoriel.

Du début de la guerre jusqu’au 13 août 1941, les détenus sont surtout des droits communs, placés sous la direction exclusive des autorités françaises, mais dès avant cette date, 200 seront transférés sur le continent pour faire place aux politiques arrêtés à diverses périodes. Au nombre de 90 à 100, ces derniers sont d’anciens syndicalistes, des membres du Parti Communiste, quelques socialistes et anarchistes, des francs-maçons, des opposants à Vichy et des personnes refusant de travailler pour l’occupant.

Après le 13 août, les Allemands occupent la citadelle, évacuent le personnel et une partie des détenus, essentiellement les politiques, vers la centrale de Fontevrault, mais aussi les camps de Châteaubriant, de Mérignac, les camps d’internement du Sud de la France et même vers l’Algérie.

Drapeaux
(c) Guy Hervy

Cette année 1941 est une année terrible pour les internés, qui ont vu leurs camarades fusillés à Châteaubriant, Souge, Nantes, au Mont-Valérien, etc. (ce vendredi Brest vient de commémorer le 80e anniversaire du Martyr des 11 fusillés du groupe Elie).

Avec l’instauration des décrets « nuit et brouillard », ce sera  dès les premiers jours de 1942 la terrible intensification de la répression, avec les transferts réguliers de leurs compagnons pour être fusillés, les déportations… Dans ces réservoirs d’otages, ils savent qu’à tout moment ils peuvent aussi être appelés.

Le camp de Châteaubriant fermé, les internés sont transférés au camp de Voves. Après les multiples et spectaculaires évasions, celui-ci est, lui aussi, fermé.

Les internés sont alors dirigés vers Pithiviers.

Le 25 février 1944, 100 d’entre eux sont internés à la citadelle et, le 9 août, le camp de travailleurs surveillés de Laleu y est aussi transféré après un violent bombardement aérien.

Contrairement aux droits communs, les politiques sont requis pour les travaux de défense côtière de l’île, sous l’escorte de sentinelles allemandes.

Le 22 juin 1944, un convoi de politiques venant de l’Île de Ré traverse la ville de La Rochelle en direction de la gare pour être déporté. Face à l’hostilité de la population, les Allemands sont obligés de renforcer la garde et de faire dégager les quais. Les prisonniers sont rembarqués pour Saint-Martin.

Elu se recueillant après avoir déposé une gerbe
(c) Guy Hervy

Début décembre 1944, la pression des FFI autour de La Rochelle entraîne une négociation, conduite par la Croix Rouge. Les prisonniers français sont plus de 400 à quitter le bagne pour être échangés contre des prisonniers de guerre allemands faits par la Résistance.

Enfin libérés ? Non, car l’administration toujours pétainiste veille : débarqués à La Rochelle, ils sont jetés en prison.

Leur tapage, la peur des suites, la Résistance progressant, la pression de la population font que les détenus français vont être libérés.

Ils refusent, se mettent en grève et décident de ne sortir que si les autres internés politiques, pour l’essentiel des républicains espagnols, sont libérés avec eux. Ils obtiendront gain de cause.

Dépot de fleurs au nom de l'Amicale et des familles d'internés.
(c) Photo Guy Hervy

Strasbourg est libérée le 23 novembre 1944. 21 jours plus tard, le 13 décembre 1944, les 500 derniers détenus politiques incarcérés en France sont enfin relaxés. Enfin libres, après 4 ans d’internement dans divers lieux de détention !

Il s’en faudra encore de six mois pour la fin des poches de l’Atlantique. Mais c’est une autre partie de l’Histoire.

Ensemble, continuons à œuvrer pour que cette histoire particulière soit connue de tous.

Merci de votre attention. »

 

Denise JOURDAN