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Hommage de l’Amicale à Raymond Granet

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publié le : 21/07/2021

Photo de Raymond Granet à côté de la stèle de son père Désiré, fusillé, à la Carrière de Châteaubriant

Notre camarade, Raymond Granet, vice-président de notre Amicale, nous a quittés après avoir combattu, et le mot n’est pas trop fort, contre son cancer.

Au nom de tous, je veux apporter à Colette, à Xavier, Laurence, Memo, Ulysse et Elea notre soutien très chaleureux, notre grande amitié.

Nous partageons votre peine comme nous avons depuis des années partagé cette responsabilité de mémoire qui nous unissait.

Cette responsabilité de mémoire, Raymond avec Colette en ont fait l’objectif essentiel de leur vie commune.

Fils de Désiré Granet, fusillé le 22 octobre 1941, Raymond, dès sa plus jeune enfance, avec les autres enfants de fusillés s’est appliqué à ce que rien ne soit oublié de ces Résistants qui furent dans les premiers à être l’honneur de la France.

Pour Raymond, ce n’était pas seulement un devoir de mémoire mais une responsabilité politique en fidélité avec les derniers messages des fusillés, comme l’exprime si bien Guy Môquet : « Vous qui restez, soyez dignes de nous ».

Êtres dignes d’eux, cela nous remet dans nos responsabilités d’aujourd’hui face aux résurgences de la bête immonde en France, de par le Monde.

Être dignes d’eux, dans les messages des fusillés s’exprimait leur identité de syndicaliste, de communiste. Ils parlaient tous de justice sociale, de liberté, de paix.

Le programme du CNR sera la plus belle des réponses à leurs messages. L’histoire est devenu un enjeu de société.

Nous le vivons tous les jours ; tant de forces veulent réduire, effacer ces belles conquêtes du CNR pour qu’elles ne soient plus des références aux combats de la libération, au progrès social.

Il en va de même pour l’écriture de l’histoire, notamment celle de la Deuxième Guerre mondiale. Ils veulent la falsifier, amoindrir l’engagement des peuples à se libérer, à construire un autre sens à notre société.

L’histoire de la Résistance, de ses internés, de ses fusillés, de ses déportés est un combat actuel. Et notre Amicale entend le mener avec une grande détermination pour que les jeunes générations s’approprient celle-ci.

La vie de Raymond a été imprégnée de tout cela.

Je voudrais prendre quatre faits pour retracer les actes de Raymond pour donner à notre Amicale les forces de poursuivre ses responsabilités.

  • Le premier, Raymond aimait rappeler la conviction, la détermination de tous ceux qui nous ont précédés, notamment Fernand Grenier, et de leur vision pour que se poursuive longtemps l’hommage aux fusillés. La carrière et le musée à Châteaubriant en sont les socles, comme le sont les hommages à Aincourt, Voves, Rouillé.
  • Le deuxième, Raymond et Colette avaient surtout à cœur de garder un lien avec les autres familles de fusillés pour qu’elles s’impliquent et transmettent à leurs enfants et petits-enfants les valeurs de la Résistance à partir de l’action de notre Amicale.
  • Le troisième, Raymond a été l’un des instigateurs de projets de rénovation du Musée à la Carrière qui, nous l’espérons, sera la prochaine réalisation de notre Amicale.
  • Enfin le quatrième, Raymond s’est fortement investi pendant nombre d’années dans la préparation et l’organisation de nos commémorations à Châteaubriant.

Il conduisait ses responsabilités avec beaucoup de rigueur, il avait horreur de l’improvisation avec le souci constant que chacune et chacun assume les responsabilités qui lui étaient confiées.

Malgré la maladie qui l’affaiblissait de jour en jour, réussir le 80e anniversaire des fusillades à Châteaubriant était sa préoccupation, ses questionnements.

Ce 80e anniversaire, Raymond n’y sera pas, mais je peux l’assurer, il sera dans toutes nos pensées.

Permettez- moi pour conclure quelques mots personnels.

Avec Raymond et Colette, nous nous sommes rencontrés dans un avion à destination de Cracovie, lors d’un voyage particulièrement émouvant vers Auschwitz-Birkenau. Nous étions avec Fernand Devaux, qui était persuadé que nous nous connaissions.

Nous avons beaucoup parlé, échangé (politique, justice, éducation et bien d’autres sujets encore), nous nous sommes intégralement retrouvés sur une volonté commune : l’indispensable travail de mémoire, toutes les mémoires et leurs transmissions aux générations actuelles et futures.

De cette belle rencontre pour Anne-Marie et moi est né un lien d’amitié très fort venu de conversations, des morceaux de vie, Raymond et son engagement à la FSGT, Colette et le basket-ball à Ivry et bien d’autres choses.

Avec Anne-Marie, nous vous appelons les Granet tellement vous êtes indissociables et fusionnels.

Indiscutablement, c’est vous les Granet avec Fernand, qui nous avez amenés à l’Amicale de Châteaubriant, c’est donc avec une immense émotion que nous pensons à toi Raymond et que nous serons toujours là pour continuer le combat de la mémoire pour lequel tu t’es tant battu.

Salut à toi, notre ami.

Jean Menant, discours aux obsèques de Raymond Granet au crématorium de Champigny-sur-Marne le 2/07/2021