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La cérémonie du 17 décembre 2022 à Dammarie
<< Retour liste des actualitésHommage à René Perrouault
Comme depuis de nombreuses années, le Comité du souvenir du Camp de Voves organisait, en ce samedi 17 décembre, une cérémonie en hommage à René PERROUAULT, l’un des 9 fusillés de la Blisière (à proximité de Châteaubriant où ils étaient internés) à Dammarie (Eure-et-Loir), où il est inhumé.
Cette cérémonie a eu lieu en présence d’une quarantaine de personnes dont :
- Madame Anne ROTHENBÜHLER, directrice de l’ONAV-VG 28,
- Messieurs Emmanuel LEPINE et Christophe JANOT, représentant la Fédération CGT des Industries Chimiques,
- Lionel GEOLLOT, conseiller régional, représentant le Président la Région Centre – Val-de-Loire,
- Monsieur Jean HARDY, ancien maire de Châteaudun et ancien conseiller régional,
- et de nombreux présidents d’associations d’anciens combattants.
À l’issue de cet hommage au cimetière de Dammarie, tous les participants se sont retrouvés dans la salle communale pour les interventions.
Après la présentation des excusés faite par Étienne EGRET, la parole est passée à Emmanuel LEPINE, Secrétaire Général de la Fédération CGT des Industries Chimiques pour la seule prise de parole, Jackie HOFFMANN, représentant l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt, s’étant excusée.
Allocution d’Emmanuel LEPINE
Dans la lettre que René Perrouault écrivit à ses parents, une phrase particulièrement frappante éclaire le sens de son engagement. Je cite :
« J’avais très consciemment suivi la route de l’émancipation humaine. Toute ma vie je l’ai consacrée au service de la liberté et du progrès humain. Je suis fier d’avoir contribué à cette œuvre, des jours meilleurs se lèveront demain sur le monde délivré des chaînes du capitalisme. »
Par ce message, René a exprimé de manière saisissante la signification de sa vie militante. Dans cette baraque près de l’étang de la Blisière où ses bourreaux lui ont permis d’écrire ces derniers mots, à quelques centaines de mètres des lieux de son exécution, il a voulu transmettre aux siens et au monde le sens de son combat. Dans cette lettre, René voulait avant tout fixer de manière indélébile ce pour quoi il est mort. Et il n’est pas anodin, pour un homme qui va mourir, de choisir certains mots, ses derniers mots : « liberté », « progrès humain », « un monde délivré des chaînes du capitalisme ».
Notre époque est marquée par le souci de la classe dominante qui dirige si mal notre société, de réduire l’éducation à l’apprentissage de ce qui est utile. Dans ce cadre, l’Histoire est devenue un objet de lutte idéologique. Ainsi, passer sous silence que des milliers de résistants portaient à la fois leur résistance à
l’oppresseur, et à la fois la volonté de bâtir une autre société est un déni de mémoire, et finalement, une manipulation des faits. Il est bon de le rappeler alors qu’aujourd’hui, certains ou certaines voudraient nous faire croire que l’horizon du capitalisme serait indépassable, et qu’il faudrait passer à un autre type de syndicalisme.
Notre fédération, dont René était secrétaire, continue comme beaucoup de considérer le syndicalisme comme un acteur de transformation de la société. Et, dans ce sens, l’Histoire et la mémoire doivent faire partie intégrante de notre analyse en tant que travailleurs et citoyens devant répondre à des enjeux de société.
Ces enjeux, ils existent aujourd’hui, avec notamment la chasse aux migrants qui débarquent depuis leurs pays, après en avoir été chassés par une situation de guerre ou de misère dont l’origine est à rechercher dans l’action de notre propre gouvernement.
C’est aussi la remise en cause par le gouvernement Macron de ce qui a été imposé par le CNR, Conseil National de la Résistance, et notamment notre protection sociale, nos retraites basées sur la cotisation sociale, pour lesquelles il faut, non pas repousser l’âge de départ, mais au contraire revenir à 60 ans, comme l’avait prévu le programme du CNR.
Ce programme dit des « jours heureux », Macron et d’autres présidents avant lui n’ont eu de cesse de le remettre en cause sur injonction des grandes fortunes qui font alliance avec qui sert le mieux leurs intérêts.
Nous n’oublierons jamais, à la CGT, que le patronat français avait énoncé cette phrase avant la Seconde Guerre mondiale : « Plutôt Hitler que le Front Populaire ». Nous n’oublierons jamais que ces Résistants comme René Perrouault, dont le nom figure parmi ceux des 246 martyrs du nazisme à l’entrée des locaux de notre Fédération nationale des Industries chimiques CGT à Montreuil, furent choisis par le pouvoir politique français pour être fusillés, car beaucoup furent des acteurs des grands mouvements sociaux de 1936.
Nous considérons que, si l’histoire ne fournit pas de recettes pour l’avenir, elle éclaire les enjeux du présent, elle contribue à façonner une analyse qui peut aider à rendre l’avenir différent.
La Fédération Nationale des Industries Chimiques CGT perpétue ainsi le souvenir de René Perrouault et de tous ses autres martyrs. Non pas avec un regard figé vers le passé, mais résolument tourné vers l’avenir. Nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de rester au cœur du combat pour qu’un autre monde soit possible, ouvrant sur une société libre et débarrassée de l’exploitation capitaliste, comme l’ont rêvé ces militants avant nous.
L’idéal de René, c’était un monde plus fraternel, plus juste et plus humain. Nous demeurons à la FNIC-CGT, fidèles à ce combat pour construire une autre société basée sur la paix, la liberté et le progrès social.
Je vous remercie.