Actualités

Commémorations des procès des 42 et des 16 à Nantes

<< Retour liste des actualités

publié le : 21/03/2023

Bêle - vue d'ensemble

80 ans après, en résistance contre l’oubli !

Plusieurs commémorations des procès dits des 42 et des 16 se sont tenues en janvier et février 2023 dans la région nantaise. Le 28 janvier, 200 personnes se sont rassemblées devant le Monument des fusillés, vestige du stand de tir du Bêle où ont été mis à mort les condamnés à l’issue de ces procès.

La commémoration organisée par le Comité départemental du souvenir – affilié à l’Amicale de Châteaubriant – et la ville de Nantes a réuni les autorités civiles et militaires. De nombreuses  organisations mémorielles, politiques ou syndicales étaient présentes : Comité du souvenir, Familles de fusillés, Familles des Républicains espagnols, FNDIRP, UD et UL CGT, FSU, PCF,  MJC.

Christian Retailleau, président du Comité du souvenir et membre du Bureau de l’Amicale, a ouvert cette cérémonie « qui permet de donner à cette page d’histoire la place qui lui revient dans la mémoire collective ». Il en a rappelé les grands traits. Après une parodie de procès-spectacle pendant 12 jours, le 28 janvier 1943, la cour martiale allemande condamne à mort 37 résistants FTP, 4 autres sont déportés. Ce bilan s’alourdit en août, à l’issue du procès des 16, avec 13 condamnations à mort et 3 déportations. «  50 résistants sont fusillés au Bêle à la suite de ces 2 procès. Le plus jeune, André Rouault, avait 17 ans. Depuis l’automne 41, ces résistants ont multiplié les actes de résistance, menant une véritable guérilla urbaine contre l’Occupant et les collaborationnistes jusqu’au vaste coup de filet de l‘été 1942, qui conduit à 143 arrestations. » Après avoir rappelé le contexte – capitulation de la Wehrmacht à Stalingrad le 2 février 1943, création du CNR le 27 mai -, il ajoute : « Ce jour-là les résistances deviennent LA Résistance. » Le président du Comité conclura sur le travail de mémoire et d’histoire, raison d’être du Comité, « pour que l’engagement des résistants inspire plus que jamais les jeunes générations afin de bâtir un monde solidaire, démocratique, écologique et en paix ». Une évocation artistique a suivi, mise en scène par le Théâtre d’ici et d’ailleurs, avec le concours d’élèves du collège Simone Veil, qui ont lu des extraits des dernières lettres poignantes  de fusillés. Parmi ces dernières, il y avait celle de Maurice Lacazette, métallo parisien, camarade de Jean-Pierre Timbaud qui avait été envoyé à Nantes après son évasion de l’Hôtel-Dieu pour réorganiser les FTP après la rafle de l’été 1942.

Inauguration de la rue Alfredo Gomez Ollero

La participation à la résistance des Républicains espagnols réfugiés en Loire-Inférieure a été importante. 43 ont été arrêtés lors des rafles de l’été 1942, 5 d’entre eux ont été jugés lors du procès des 42 et condamnés à mort. En hommage, le nom de l’un d’eux, Alfredo Gomez Ollero, a été donné à une rue en présence de l’ambassadeur d’Espagne et des familles retrouvées de ces Républicains espagnols.

Sainte-Luce-sur-Loire a honoré Renée et Jean Losq

Dans la banlieue de Nantes, à Sainte-Luce-sur-Loire, un rassemblement s’est déroulé devant la stèle en mémoire à Jean et Renée Losq. Jean a été fusillé au Bêle et Renée a été déportée dans des camps, dont celui de Ravensbrück. Les élèves du collège de La Reinetière ont lu des extraits de textes, avant l’interprétation par l’Harmonie du Chant des partisans et du Chant des marais.

À La Chapelle-Basse-Mer, en présence des familles espagnoles

Le lendemain, dimanche 29 janvier, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées autour du Carré des Espagnols dans le cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, à Divatte-sur-Loire.  Le 13 février 1943, 17 résistants, condamnés lors du procès des 42 et fusillés le jour même à Nantes, ont été inhumés dans ce cimetière : 12 Français et 5 Espagnols. Si, après la Libération, les familles françaises ont obtenu le transfert de leur parent dans un autre cimetière, les Espagnols y sont restés, leurs familles ignorant tout de leur sort. Une stèle a été élevée, due à l’artiste d’origine allemande Ekkehart Rautenstrauch. Grâce au travail du Comité du souvenir, les familles espagnoles ont pu être retrouvées. Trois générations étaient présentes ce 29 janvier.

© Patrice Morel – Les familles espagnoles étaient présentes : trois générations et les doudous.

Après les allocutions de Christian Retailleau et de la maire Christelle Braud, les élèves de CE2 de l’école Robert Doisneau, ont écrit et dit un poème Des amis pour la vie, avant d’interpréter la chanson d’Anne Sylvestre Le petit grenier. À La Marseillaise a suivi l’hymne officiel de la République espagnole, puis le Chant des partisans.

À la Maison des syndicats, les syndicalistes résistants n’ont pas été oubliés

Le hall de la Maison des syndicats à Nantes présente une plaque énumérant les noms de 181 syndicalistes fusillés ou déportés, victimes de la barbarie nazie. Le 2 février, un hommage leur a été rendu à l’invitation de l’UL CGT de Nantes, rejointe par la FSU et le comité du souvenir.

Les Archives municipales de Nantes ont réalisé une exposition, présentée durant un mois dans le centre-ville, puis dans plusieurs autres villes. Le film documentaire de Marc Grangiens Le procès des 42, réalisé à l’initiative du Comité du souvenir avec le soutien de l’Amicale, a été projeté en divers lieux.

                                                                                                          Loïc LE GAC

Pour en savoir plus : resistance-44.fr