Actualités

Un podcast de Radio Châteaubriant à ne pas louper

<< Retour liste des actualités

publié le : 27/10/2020

Radio Châteaubriant interroge Carine Picard Nilès, notre secrétaire générale, à propos de sa grand-mère Odette Nilès, notre présidente. Une discussion sur sa grand-mère mais aussi à propos de la résistante qu’elle admire. Merci à Radio Châteaubriant. On n’en dit pas plus et on vous laisse découvrir l’article et le podcast à écouter sur le site en cliquant ici (version écrite ci-dessous).

Carine raconte sa grand-mère : Odette Nilès

Carine raconte sa grand-mère : Odette Nilès. Comme chaque mois d’octobre, la Sablière à Châteaubriant est le théâtre des commémorations des fusillés du 20 octobre 1941.
Cette année, 2020, c’était le 79e anniversaire. L’occasion de rencontrer Carine Picard Nilès, la petite fille d’Odette Nilès, héroïne, bien malgré elle.

C’est la femme de ma vie…

« Châteaubriant, pour moi, c’est tout plein de souvenirs d’enfance. Tout plein de souvenirs que je partage avec mon père et avec mes grands-parents. Puisque depuis que je suis toute petite, depuis que mon père lui était tout petit, on vient à Châteaubriant aux cérémonies commémoratives pour les 27 fusillés. Ma grand-mère, elle était internée au camp de Châteaubriant et mon grand-père, lui, l’était à Voves. Mais ils se sont retrouvés dans cette association de familles d’internés, de fusillés qui a été créée en 1945, le 30 septembre 1945. On est le 75e anniversaire cette année de la création de cette amicale. Ils sont dedans depuis pratiquement le début.

Moi, c’est de venir chaque année à cette commémoration. Et depuis maintenant 5/6 ans, je suis devenue la secrétaire générale de cette association. 

J’ai repris le flambeau de mes grands-parents

Je dis souvent c’est un peu…, ma grand-mère aujourd’hui _ mon grand-père est décédé depuis bientôt 19 ans_ ma grand-mère reste là ce que j’appelle la femme de ma vie. On est très proches toutes les deux, depuis tout petite. Je suis très proche de mes parents, mais j’ai pratiquement été élevée par mes grands-parents,  donc ça a été un peu elle qui m’a accompagnée dans toute ma vie et elle m’a toujours parlé de l’Amicale. Elle m’a toujours parlé de ce qu’elle avait vécu, toujours à travers de petites anecdotes.  J’ai appris tout ce qu’elle avait vécu au camp par des anecdotes qui ont accompagné ma découverte de l’adolescence, des premiers amours.

Avoir 20 ans au camp d’internement

Et c’est là qu’elle m’a parlé de Guy Môquet, de ce qu’elle a vécu  avec Guy. De ce qui ne s’était pas concrétisé, entre guillemets. Il lui a écrit dans le petit mot ” Tu ne m’as pas donné ce que tu m’avais promis…”  Il parlait d’un baiser qu’il devait recevoir.

Elle m’a toujours accompagnée dans ma vie, comme toujours avec plein d’anecdotes. Quand elle a été arrêtée. Comment elle a rencontré à cette occasion d’autres gens et découvert ce qu’était une prostituée. Elle n’en avait jamais vue. Elle avait 17 ans et demi. À cet âge-là, quand on vit en région parisienne, Drancy était une petite ville.

Comment elle a  vécu le camp. Cette fraternité qui s’est développée entre ses copines. Ce petit groupe de 6 filles, “Les Bistouillardes”. Moi, ça a accompagné toute ma vie. Le petit landau dans lequel, moi, mes parents m’ont mise, c’était aussi un landau qui avait circulé entre les filles, les petites-filles. On se connaissait tous, c’était une grande famille.

Cette fraternité

Aujourd’hui, ma grand-mère est la seule qui reste.

Cette fraternité qu’elles avaient, qu’on ne retrouve nulle part je pense. Elle étaient soudées. Ce qui leur a permis de vivre à peu près correctement au camp, quand on est enfermé, quand on a 17 ans.

J’ai un petit poème que je sortirai l’année prochaine pour le 80e anniversaire des fusillés. Un petit poème de ses 20 ans qui a été écrit au camp.

Avoir 20 ans au camp. Ça fait écho à ce qu’on disait, en ce moment, l’actualité….

Avoir 20 ans pendant le confinement, avoir 20 ans avec la pandémie virale, avec comment dire ?… Le couvre-feu, c’est très particulier. Bah, … avoir 20 ans en camp d’internement. C’est des histoires qui font écho. Voilà. J’ai été bercée par tout ça. Ça m’a constituée, ça a permis aussi d’élever mes enfants. Je les ai élevés aussi un peu comme ça, avec cette idée de fraternité, de partage. Donc voilà, c’est un petit peu toute ma vie, Châteaubriant… »