LECLAND Odette

LECLAND Odette

Portrait d'Odette en 1939
Odette en 1939
© Famille Picard-Nilès

NOM – PRÉNOM : LECLAND (épouse NILÈS) Odette
NÉE LE : 27 décembre 1922 à Paris XXe
DÉCÉDÉE LE : 26 mai 2023 à Drancy
PROFESSION : Chargée du Patronage Laïc – Mairie d’Aubervilliers
DATE D’ARRESTATION : 13 août 1941
PRISONS & CAMPS : Dépôt de la Préfecture de Paris, prison du Cherche-Midi (Paris), prison de la Petite Roquette (Paris), camp de Choisel (Châteaubriant), camp d’Aincourt</a (Val d’Oise), camp de Gaillon (Eure), camp de La Lande (Monts), camp de Mérignac (près de Bordeaux)

RESPONSABILITÉ (S) :

  • 1944 : Franc Tireurs et Partisans (FTP) près de Bordeaux
  • 2001 : Présidente de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt

DISTINCTION (S) :

  • 23 mars 2017 : Croix d’officier de la Légion d’honneur

BIOGRAPHIE :

Odette Lecland nait le 22 décembre 1922 dans une famille communiste qui milite « pour une société plus juste où l’ouvrier serait considéré et qui apporterait au peuple, avec la Paix, la fin de la misère ».

Une jeunesse militante

À 12 ans, elle intègre les Amis du Secours Rouge. Elle commence sérieusement à s’engager à l’âge de 15 ans, en 1940, quand les Allemands envahissent la France. Elle est notamment présente à Paris, lors de la grande manifestation du 11 novembre, sa toute première ! Alors que son père est immédiatement arrêté et que sa mère doit se démener pour nourrir les deux femmes, Odette commence ses tournées à vélo pour transporter des tracts avec quelques ami·e·s.

À 16 ans, elle est responsable d’un « triangle ». Après le succès de la manifestation du 14 juillet 1941, où une large partie de la population s’est montrée favorable à cette jeunesse revendicative, une autre manifestation est prévue le 13 août, avec comme mot d’ordre la « libération du pays ». Le lieu est tenu secret jusqu’au bout. Mais au métro Richelieu Drouot où Odette, accompagnée de ses 17 recrues originaires des environs de Drancy, devait rejoindre Danielle Casanova, seule la police est au rendez-vous, qui arrête tous les membres du groupe.

Le 13 août, à la préfecture de police, tous les jeunes militants subissent un interrogatoire musclé. Le tribunal allemand, au ministère de la Guerre, les condamne tous « à mort pour activités subversives et participation à une manifestation »… qui n’a jamais eu lieu ! En définitive, la peine est commuée pour treize des jeunes en internement : ils sont conservés comme « otages ». Odette dit adieu à ses camarades drancéens, Raymond Justice, André Sigonney et Jean-Louis Rapinat, qui seront fusillés au Mont-Valérien dès le 27 août.

L’amour de Châteaubriant

En septembre 1941, Odette et 47 autres femmes sont transférées au camp de Choisel, à Châteaubriant, en Loire Inférieure. Dès son arrivée, elle retrouve des Drancéens, dont Simon Bronsztein, et elle va très vite se lier avec sept autres jeunes filles de moins de 20 ans, pour former une « famille », les « Bistouillardes » : Paulette Bouchoux, Jackie Vannier, Margot Camus, Janine Bernardon, Évelyne Bouton, Antoinette Bonnefoix et Andrée Vermeersch.

Le soir « aux barbelés » qui séparent le camp des femmes de celui des hommes, Guy Môquet remarque Odette. Une idylle naît entre eux. Un jour, il lui offre un petit anneau fabriqué dans une pièce de monnaie par un camarade. Désireuse de ne pas attirer les commentaires de ses camarades, elle garde ce secret pour elle.

Le matin du 22 octobre, Guy demande à voir Odette aux barbelés. Il ignore encore qu’il fera partie des otages à exécuter en représailles de l’attentat sur le Feldkommandant Hotz. Son nom a finalement été ajouté sur la liste, probablement parce que son père est député. 27 otages vont partir pour la Sablière, alors que le reste du camp chantera la Marseillaise à tue-tête.

Lettre de Guy Môquet à Odette Lecland
Guy Môquet a écrit une dernière lettre à ses parents mais a aussi laissé un billet1 à Odette, sa « fiancée », avant de mourir. Même bien après la Libération du pays, elle conservera avec elle la bague de Guy, sa photo et l’ultime billet doux, qu’elle ne rendra publique que 60 ans plus tard. (© Musée de la Résistance nationale à Champigny)

Début 1942, l’armée anglaise bombarde Saint-Nazaire ; l’armée allemande craint que les prisonniers du camp de Choisel ne s’évadent. Les hommes sont donc transférés à Voves et les femmes à Aincourt, ainsi que d’autres femmes, de confession juive. Odette et les « Bistouillardes » s’organisent pour faire classe et choyer ces enfants dont les mères sont envoyées en déportation sous leurs yeux terrifiés. C’est au camp de Gaillon qu’Odette fêtera son vingtième anniversaire. À celui de La Lande de Monts, elle couvre l’évasion d’une camarade. En représailles, elle sera envoyée au camp de Mérignac. Là-bas, Odette tombe très malade. Grâce à la mobilisation de ses copines, elle est hospitalisée et échappe à la déportation.

En 1944, les rumeurs d’un débarquement proche font que la surveillance dans les camps se relâche un peu. Odette en profite pour réussir enfin à s’évader et rejoindre, avec d’autres femmes, un groupe FTP près de Bordeaux. À l’été 44, en Charente, Odette devient responsable des Forces Unies de la Jeunesse patriotique. À cette occasion, elle rencontre Maurice Nilès, jeune combattant FTP chargé de restructurer le réseau de Résistance du Sud-Ouest mais qui vient de la région parisienne, précisément d’Aulnay-sous-Bois.

Ils se marient dès 1945, après-guerre, et remontent s’installer à Drancy. Maurice devient député de la Seine en 1958, puis maire de Drancy en 1959. Toujours à ses côtés se tiendra Odette, sa veilleuse et conseillère avisée, qu’il surnomme tendrement « sa bergère ».

Un flambeau pour la jeunesse

Odette est embauchée à la Mairie d’Aubervilliers en mars 1946 comme Chargée du Patronage Laïc. Jusqu’en avril 1982, elle y travaillera dans le secteur de la petite enfance, sa deuxième passion. Quand elle interviendra dans les établissements scolaires pour témoigner sur ses années de résistance et rendre hommage aux combats de ses camarades assassinés, cette jeunesse qu’elle apprécie tant saura lui montrer son respect et sa reconnaissance en buvant ses paroles claires, rassurantes mais déterminées.

Au décès de Maurice, en 2001, son amour, le père de son fils unique Claude, elle prend la relève à la tête de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt. Le 23 mars 2017, Odette a reçu la croix d’officier de la Légion d’honneur pour son action de transmission de la mémoire aux jeunes générations. Odette est décédée le 26 mai 2023 à Drancy.

Pour en savoir plus Pour en savoir plus (biographie complète par Carine Picard-Nilès, petite-fille d’Odette).

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Bibliographie

  • Serge Filippini, Odette Nilès, L’Archipel, 15 octobre 2008, 208 pages, EAN 9782809800913
  • Gwenaëlle Abolivier et Eddy Vaccaro, La Fiancée : D’après la vie d’Odette Nilès, l’amoureuse de Guy Môquet, Noctambules,2021, 98 pages, ISBN 9782302090910.

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Notes :
1. Ce billet est conservé au Musée de la Résistance nationale à Champigny.